Aujourd’hui, il est possible, lorsqu’on est porteur d’une mutation génétique particulièrement invalidante, d’éviter de la transmettre à sa descendance en sélectionnant en amont le ou les embryons qui deviendront, neuf mois plus tard, une de ces grenouilles dégoulinantes et braillardes devant lesquels les gens tombent immédiatement en pâmoison. On prélève quelques ovocytes chez la mère, on les féconde avec les spermatozoïdes du père, et on écarte du processus tous les embryons ainsi créés qui ne répondent pas au contrôle qualité.
Et ça, ça fait fantasmer les transhumanistes de tout poil. Enfin, on pourra bientôt commander un gamin comme on commande une pizza : sans anchois maladie, mais avec extra fromage cerveau. Un bébé customisé, à la carte. Si on suit leur raisonnement, ce n’est qu’une question d’échelle, donc de temps. Si on sait aujourd’hui scanner votre génome à partir d’une goutte de salive, on peut bien, demain, sélectionner les meilleurs profils génétiques, voire supprimer et remplacer les gènes que l’on n’aime pas trop par une version plus performante. Ça a l’air trop beau pour être vrai ? C’est que ça l’est sûrement. Certes, des dérives sont possibles et existent déjà. Mais pour l’immense majorité des cas, il semblerait bien qu’un tel futur restera un fantasme.
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