Dieu, mon corps et moi

Il y a des jours comme aujourd’hui où j’ai vraiment l’impression d’être une cervelle sur pattes, plutôt qu’un être humain. Je me traîne depuis ce matin, un mug de café fumant en main, de mon bureau à la cuisine, aller et retour par Bilbo Baggins mais en moins épique sans réussir à désenbrumer ce qui me sert de cerveau. Après une nuit passée à chercher le sommeil entre bouffées de chaleur et vrombissementssss de moustiquessss, autant vous dire que je ne suis pas à 100 % de mes capacités cognitives (si tant est que j’aie atteint un jour cette efficience. Mais c’est un autre sujet).

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Bienvenue à Algernon

Vieille couverture MAIS format epub.
#laquerelledesanciensetdesmodernes #soyonsmodernes

Changement du nom du blog, changement (un peu) de concept. Je vais essayer d’écrire des articles plus courts et plus sympas (et plus souvent), toujours sur le développement des sciences et des technologies liées à notre futur plus ou moins lointain, et sur les conséquences que ça peut avoir. J’espère que cette nouvelle ligne éditoriale sera aussi plaisante à lire que j’aurai de plaisir à l’écrire.

Mais du coup, pourquoi Algernon ?

Parce qu’Algernon est pour moi une des plus belles allégories du développement scientifique de l’humanité.

Des Fleurs pour Algernon est un roman poignant, écrit par Daniel Keyes et paru en 1966. Il raconte l’aventure d’un homme resté enfant, un grand bêta un peu gauche mais toujours gentil et désireux d’aider, Charlie Gordon. Ce jeune homme subit une opération afin de décupler ses capacités intellectuelles et faire de lui un surhomme, opération menée quelques temps auparavant, et avec succès, sur une souris nommée Algernon.

Le Quotient Intellectuel (QI) de Charlie se développe alors de manière fulgurante. Il devient extrêmement brillant, parle couramment plusieurs langues, maîtrise rapidement les neurosciences et la psychologie, jusqu’à dépasser les chercheurs qui l’ont opéré.

Mais au fur et à mesure de son développement intellectuel, Charlie devient aussi plus hautain, plus méprisant. Plus seul aussi. Il essaie de sortir, de côtoyer le monde, mais étant aussi éloigné maintenant des gens qu’il l’était en étant idiot, il supporte mal ce décalage. Son QI a peut-être explosé, mais il en va autrement de sa maturité émotionnelle et sociale. Et toute l’intelligence du monde ne peut venir à bout d’une vie de traumatismes, de moqueries et de différences.

Finalement Charlie se verra régresser aussi vite qu’il s’est développé, en raison d’une faille dans l’expérience, faille qu’il démasque avant tout le monde, ce qui rend la chute d’autant plus difficile et cruelle.

Et je ne peux pas m’empêcher de voir, condensée dans cette histoire, l’aventure de l’humain et de la technique. Une histoire de développement de surhomme qui tourne court, parce que l’hypertrophie de notre connaissance nous rend bancals sans l’accroissement égal des autres piliers de notre existence : l’émotionnel et le social. Et très clairement, entre ruine de la planète et inégalités des couleurs et des sexes, on n’a pas beaucoup évolué sur ces sujets. Au diable l’empathie et la Terre, vive le progrès ! On va me répondre que « c’est quand même plus compliqué que ça ». Bah, non, au fond, pas tellement.

On nous vend une technique qui libérera l’homme de ses chaînes terrestres. Mais juste l’homme. Le blanc, celui des Lumières. Le normal. Mais on n’est plus à l’époque des Lumières. Je ne sais pas si une ampoule a un jour été sexiste ou raciste, mais un algorithme, si, carrément. Et ça serait bien que ça change un peu.

La technique ne sera véritablement humaine que lorsqu’elle respectera tout, tous et toutes. Autrement, il n’y aura bientôt plus personne pour mettre des fleurs sur la tombe d’Algernon.